Robe verte

 

L'ensemble vert est composé:

 

-> d'une chemise, visible à l'encolure

-> d'une robe en soie verte appelée "bliaut", de coupe droite et froncée aux épaules, avec des manches larges et longues, froncées en deux endroits au haut des bras

-> d'une large ceinture drapée en soie verte (genre corselet pour utiliser un terme moderne), allant de sous la poitrine aux hanches

-> d'une ceinture en soie doupion verte rebrodée, croisée au dos et nouée avec double noeud plat au devant. Les cordons pendaient alors presque jusqu'au sol

-> d'un voile rond en mousseline de soie, retenu par une couronne

 

 



Robe bleue

 

L'ensemble bleu est composé:

 

-> d'une chemise de soie visible à l'encolure

-> d'une robe en soie bleue appelée bliaut, de coupe droite et froncée aux épaules, avec des manches larges et longues, froncées en deux endroits au haut des bras

-> d'un corsage en soie doupion bleue très ajusté et lacé au dos. Celui-ci comporte plusieurs couches et on cousait à travers toutes celles-ci des lignes en diagonale avec du fil d'or afin de former des croisillons, et sur ceux-ci étaient fixés des perles ou des pierres précieuses (ici des cristaux de Swarovski)

-> d'une ceinture en soie bleue décorée, croisée au dos et nouée d'un double noeud plat au devant. Les cordons pendaient alors presque jusqu'au sol

-> d'un voile rond en mousseline de soie bleue, retenu par une couronne.

 

Les cheveux étaient longs, parfois jusqu'au sol, séparés en deux parties. Chaque partie était elle-même séparée en deux et tressée d'une manière particulière au moyen d'un ruban de soie

 

Note :

 

C'est la première fois dans l'histoire que l'on trouve une emmanchure, à savoir que les manches sont séparées de l'habit. Par contre, celle-ci n'était qu'une simple ouverture, et l'emmanchure était droite, et non pas arrondie comme aujourd'hui.

 



Partie XIIe siècle du "défilé" de vêtements de la noblesse au château de Corroy en avril 2010



TEXTE PARU DANS HISTOIRE ET IMAGES MEDIEVALES N° 29 (avec quelques explications en plus, car je ne suis pas limitée dans le nombre de caractères...)

 

Il n'y a, selon la majorité des auteurs, aucun vêtement féminin de cette époque qui nous soit parvenu en entier. Chaque historien a donc une théorie légèrement différente quant à la construction d'un tel vêtement; certains pensent que ce vêtement était fait d'une pièce, avec une partie jupe cousue à la partie corsage (comme Viollet-le-Duc, par exemple), d'autres considèrent que le bliaut était une robe faite d'une pièce (de toute façon large, au vu des plis sur la partie jupe), et recouvert d'une sorte de corsage ou alors d'une large ceinture...

 

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La chemise en lin ou en soie (comme ici), blanc cassé ou écrue, est d'une longueur aux chevilles et comporte un col froncé et des manches droites.

 

Le bliaut est composé de soie fine et souple crêpée, gaufrée ou plissée en accordéon (pour utiliser un terme moderne). Il est fait d'une pièce et comporte une ouverture pour la tête, ronde avec une fente devant et souvent agrémentée d'une passementerie, et ses manches sont longues et larges. La robe est longue et peut comporter une traîne.

 

Un corsage sans manches généralement ouvert en arrondi jusqu'à la poitrine et agrémenté de pierres précieuses est porté par-dessus, et une ceinture de soie rehaussée de pierreries complète la tenue.

 

On porte alors les cheveux divisés en deux brins et tressés avec un ruban d'or ou de couleur, et un voile de soie fluide est posé par-dessus. Pour le maintenir, on utilise une couronne, souvent simple cercle d'or ou d'argent parfois rehaussé de pierres précieuses ou de pièces d'orfèvrerie.

 

Les souliers sont fabriqués en cuir fin ou en soie et décorés de ganses et fils d'or, ou restent simples. Pour être tout à fait complète, la tenue demandait un manteau (cape en demi-cercle).

 

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La première croisade conduisit à une nouvelle mode largement adoptée par la noblesse dès 1130, puis par la bourgeoisie dès 1150 environ, et qui perdurera jusqu'à la fin du 12e siècle. Les vêtements étaient faits dans des soies remarquables de finesse, de fluidité et de transparence, telles les gazes, mousselines et crêpes de toutes les couleurs, que les Croisés ramenaient des pays lointains. Ces tissus n'étaient pas toujours unis, mais pouvaient être de plusieurs couleurs ou brochés d'or; de plus, les techniques pour rendre un tissu gaufré, crêpé ou plissé "en accordéon" étaient connues depuis longtemps en Orient.

Le bliaut (ici en pongé de soie, pour imiter les tissus fins de l'époque) a ici un aspect gaufré, réalisé par un "tie and dye" moderne. Ce gaufrage réduit considérablement la largeur du vêtement, car celui-ci est en fait un simple rectangle plié en deux et cousu ensemble aux côtés; cela permet au bliaut de bien s'adapter au corps. La ligne d'épaule est froncée sur environ 12 centimètres, de même que la partie de la robe se situant juste au-dessus de la poitrine, afin de maintenir les plis en place, et la manche est froncée à un ou deux endroits sur sa partie supérieure pour donner un petit bouffant.

 

Les manches de la chemise en toile de soie écrue sont étroites aux poignets, mais permettent malgré tout de passer la main, car il n'y a pas d'ouvertures. Les manches du bliaut sont, quant à elles, coupées à ras au niveau de l'ourlet une fois le tissu plissé; le bord forme alors un zig-zag quand la manche est déployée. Le bas de la robe est coupé de même, ce qui occasionnait une usure rapide du tissu.

Il faut noter que c'est la première fois dans l'histoire du costume que l'on trouve une manche à part, et donc une emmanchure – non pas courbe comme aujourd'hui mais droite.

 

On suppose que le corsage (ici en doupion de soie) était fait de plusieurs couches d'un tissu moyennement épais tenues ensemble par des surpiqûres en fils d'or, d'argent ou de couleur; celles-ci se faisaient de préférence en diagonale pour avoir un effet nid d'abeille. Des pierres précieuses (ici des cristaux de Swarovskis) pouvaient être cousues à chaque croisement des fils d'or; on trouvait aussi des pierreries et des perles au milieu des losanges, ou les deux à la fois pour un effet plus riche. Le corsage est lacé au dos.

 

Certains historiens pensent que le corsage était  fait dans un tissu légèrement élastique car structuré comme un tricot, qui serait apparu bien avant le 12e siècle. Certains considèrent de plus que le vêtement de noble était fait d'une partie (Réf: Viollet-le-Duc, Encyclopédie médiévale), d'autres qu'il en comportait plusieurs, comme le modèle présenté.

En lieu et place du corsage, on pouvait porter une large ceinture allant de sous la poitrine aux hanches, de forme arrondie et drapée de soie fine sur une base de soie plus épaisse. On la laçait également au dos.

 

Une ceinture assez large et rigide en soie et ornée de ganses et fils d'or, de perles, de pierres précieuses et de pièces d'orfèvrerie est portée par-dessus le corsage; posée au-dessus de la taille, elle est croisée dans le dos et se noue d'une façon spéciale sur le devant par deux cordons de soie tressés, qui pendaient jusqu'au sol. Il est intéressant de noter que l'on retrouve ce nœud particulier au Japon, au niveau de l'"obijime", petite ceinture se nouant sur l'"obi", large ceinture fermant le kimono. La ceinture se place à la jonction entre le corsage et la robe.

On trouvait souvent sur les cordons, à intervalles réguliers, des pièces d'orfèvrerie en forme de bague, qui maintenaient les fils de soie ensemble.

 

Jusqu'en 1150 environ, les cheveux étaient coiffés en deux tresses de trois brins, avec des cylindres métalliques au bout de celles-ci dans le but de les alourdir. Après cette date, on trouve des tresses à deux brins, longs jusqu'aux genoux ou au sol, et maintenus ensemble par un ruban d'or ou de couleur. Celui-ci s'enroule d'une façon particulière autour de ces deux brins, une fois autour de chaque brin et une fois autour de la tresse entière. Celles qui n'avaient pas de cheveux assez longs, ou qui n'en n'avaient pas beaucoup, ajoutaient des postiches, vrais cheveux ou crins de cheval, ou utilisaient des étuis de soie rembourrés d'étoupe (rebut de la filasse de lin ou de chanvre).

 

Les cheveux ainsi coiffés sont recouverts ici d'un voile en mousseline de soie avec un bord ondulé, qui pouvait aussi former un zig-zag ou être décoré d'un fil ou d'une ganse d'or.  Sa forme habituelle était un ovale, long au sol ou court aux épaules, plus rarement rond. On posait par-dessus une couronne, souvent un simple cercle d'or garni ou non de pièces d'orfèvrerie, de pierres précieuses ou de perles selon le rang de la personne.

 

Les chaussures, légèrement pointues et portées sur des chausses en lin, laine ou soie maintenues par des jarretières, sont ici réalisées en soie et restent simples, sans ajouts décoratifs. Au 12e siècle, les chaussures en cuir fin étaient moins fréquentes que celles en tissu. Celles-ci étaient souvent décorées de passementerie et pierres précieuses, voire de petites pièces de métal sur le dessus de la chaussure afin que la pointe ne s'enroule pas sous la chaussure. La forme la plus courante avait un bord postérieur assez haut et possédait une ouverture sur le dessus pour pouvoir glisser le pied dedans.

 

Une toilette complète comportait un manteau, cape semi-circulaire fermée sur le devant par une cordelette et agrémentée d'une large passementerie rebrodée tout autour. On pouvait aussi porter la surcote orientale, sorte de manteau à longues manches en pointe et fermé à la taille uniquement par une broche; celle-ci étant faite dans des tissus transparents et fins, on le portait plutôt comme élément décoratif que pour se réchauffer.




SOURCES D'INSPIRATION

 

Photos 1, 2 et 5: Jean Libert

 

Noms des statues d'ici quelques temps, le temps de retrouver tout ça...

 

On voit bien les croisillons sur la partie corsage, et également la grosse "ceinture" jusqu'à sous la poitrine sur l'une des statues. Ensuite, c'est un peu une question de fabrication selon la statuaire, car, comme mentionné au-dessus, on trouve peu d'écrit et aucun vêtement ne nous est parvenu pour expliquer le montage de ce vêtement.

La dernière photo montre un exemple de chaussure, on en trouve bien d'autres dans le livre "Shoes and Pattens", Finds from Medieval Excavations in London, de Francis Grew, Margrethe de Neergaard et Susan Mitford, Boydell Press, March 2004