Robe de femme noble vers 1450


Photo: Jean Libert
Photo: Jean Libert

VETEMENT

 

L'ensemble est composé d'une chemise en soie blanche de même coupe à l'encolure que la robe, d'une sous-robe ajustée en brocart de soie avec des manches ajustées boutonnées, d'une robe à manches longues (dérivée de la houppelande) en velours de soie frappé, de chausses en soie blanche, de poulaines en brocart et de trois hennins différents.

 

La sous-robe en brocart de soie (le brocart est un tissu dont certains fils sont en métal) à quatre pans est très ajustée au haut du corps et aux manches, qui sont boutonnées jusqu'au coude; elle est doublée de soie couleur rouge foncé. Les boutonnières sont cousues main et se trouvent très près de l'ouverture, les boutons sont cousus sur le bord même.Ils sont faits uniquement en brocart, qui est replié pour former une petite boule. L'encolure est en pointe au dos, le devant comporte une pièce triangulaire qui était renforcée et cousue sur la sous-robe, et pouvait être de même couleur ou d'une teinte différente que celle-ci. La sous-robe s'enfile par-dessus la chemise, dont la forme d'encolure est identique, et se lace au dos jusqu'aux hanches.

 

Les robes que l'on voit fréquemment sur les enluminures du 15e siècle ont un corsage très ajusté et une jupe ample, mais sans fronces à la taille; on peut en déduire qu'il y avait une couture entre les deux, une nouveauté dans l'habillement féminin. Il faut de plus une ouverture pour pouvoir enfiler la robe, ici au dos, mais fréquemment placée au devant (ceci est plus fréquent pour les robes antérieures, plus amples et formant, grâce à la ceinture de nombreux plis autour de la taille).

 

Celle qui est présentée est une robe de transition entre la houppelande - robe ample comprenant une longue ouverture au devant et des manches longues et larges doublées de fourrure ou de soie, et parfois découpées (The Bedford Hours, Medieval Manuscripts in the British Museum; Janet Backhouse; New Amsterdam; 1990) – et la robe ajustée à manches serrées et bordées de fourrure. Elle est en velours frappé, c'est-à-dire que les poils du velours sont aplatis à certains endroits pour former le motif de fleurs et de feuilles.

 

Le haut est serrant et cousu avec la partie jupe de la robe (sous la ceinture), qui est ample, mais moins que la houppelande. A l'époque, ce velours aurait été teinté grâce au kermès, petite cochenille provenant surtout du Moyen-Orient et qui passait pour être la teinture la plus chère, car il en fallait beaucoup pour obtenir cette couleur d'un beau rouge foncé.

La partie corsage comporte une encolure en pointe devant et dos et un col en (fausse - eh oui, je suis contre l'utilisation de petites bêtes innocentes pour parer des bipèdes...) fourrure blanche, selon la mode en vigueur à la cour de Bourgogne et en Angleterre surtout. Les manches ont des petites découpes arrondies et sont longues au sol. Elles sont doublées de soie blanc cassé, le corsage l'étant de soie bordeaux.

La partie jupe est constituée d'une seule pièce, quand la largeur du tissu le permet, et possède une traîne; elle est doublée de soie bordeaux et comporte une bordure de fourrure blanche cousue à la main, qui pouvait être très fine ou au contraire large.

 

La large ceinture est faite en velours, rebrodé ensuite avec des cordonnets de fil doré, des cristaux de Swarovski (pour imiter les pierres précieuses) et des boutons de verre noir et or, le tout monté sur une base rigide. Elle est ici fermée au devant, mais les ceintures, larges ou plus fines, étaient souvent fermées au dos avec un pan retombant parfois jusqu'au sol. On trouvait aussi des ceintures faites uniquement de plaques d'orfèvrerie rattachées entre elles et recouvertes de pierres précieuses, ou des ceintures en tissu comportant des ouvertures en rond, probablement des oeillets cousus main (fréquent sur les enluminures). Toutes se plaçaient sous la poitrine afin d'avoir une silhouette élancée de par un haut court et un bas de robe très long, qui traînait souvent au sol devant.

 

Photos: Jean Libert

 

1e image: tiré de Medieval Costume and Fashion; Herbert Norris; Dover Publications, Inc. Mineola, New York; 1999

2e image: The Bedford Hours, Medieval Manuscripts in the British Museum; Janet Backhouse; New Amsterdam; 1990


3e image: tiré de Froissart's Chronicles, "The death of Anne of Bohemia", 1470

4e image: tiré de Rogier van der Weyden, "The seven Sacraments Altarpiece"                      (détail du panneau droit)

 

Les deux dernières images sont tirées du site suivant:  http://cadieux.mediumaevum.com/

 


COIFFURE

 

Trois hennins sont présentés, tous ayant la même forme de base, à savoir un cône; la base rigide était recouverte de différents tissus, tels velours et soieries.Le hennin a fait son apparition entre 1420 et 1430 en France et a perduré jusqu'en 1485 environ, en subissant quelques modifications. On remarque sur toutes les enluminures une boucle de couleur foncée dépassant de ces coiffes sur le front, qui était souvent épilé pour l'avoir haut. Herbert Norris mentionne cette boucle comme étant faite de cheveux naturels, mais c'était plus vraisemblablement un petit cordon de soie tressé qui était fixé sur une bande de velours entourant la tête et permettant au hennin de tenir en place. Le hennin se porte à un angle de 45 degrés par rapport à la verticale.

Le premier, porté dès 1440 (ceux d'avant étaient moins hauts), est long de 45 centimètres, mais pouvait allègrement en atteindre 60…plus les femmes étaient riches, plus il s'allongeait. La base est un tissu rigide – certains historiens pensent que celle-ci était construite en fil de métal, mais on peut penser qu'on utilisait aussi le cuir bouilli ou tout autre tissu rigidifié d'une façon ou d'une autre (aucune de ces coiffes ne nous est parvenue, et personne n'est d'accord quant à la construction...) - recouvert de lamé doré, imitation des tissus de fils d'or alors existants. On y pose un voile d'organza blanc rectangulaire (éventuellement rebrodé sur le bord), fixé par deux ou trois épingles, et une bande de velours noir fixé également par des épingles et dont les pans retombent sur les épaules.

 

Le deuxième est appelé hennin à voile double ou en ailes de papillon et se porte depuis 1450 environ; il est dans le même brocart de soie que la sous-robe. Il comporte une structure métallique qui soutient les deux voiles d'organza bordés de passementerie dorée, l'un rectangulaire, l'autre en demi-cercle, fixés par plusieurs points cousus ou par des épingles. Le deuxième voile commence plus haut et est légèrement surélevé par rapport au premier. 

 

Le troisième apparaît vers 1450 également et, bien que de même base que les deux autres, il est tronqué au sommet. Il se porte avec ou sans voile, et en général avec la bande de velours foncé. Il est du même velours de soie que la robe.

 

Photos: Jean Libert

 

1e image: tiré de Hans Memling, "Diptych with the allegory of true love"

2e image: tiré de King René's Tournament, 1488-89

3e image: tiré de Dierick Bouts, "Justice fo the emperor Othon III"

 

Ces trois images sont tirées du site:

http://cadieux.mediumaevum.com/

 


ACCESSOIRES

 

Le premier accessoire est un petit sac en velours de soie et floches rouge foncé et or, attaché à la ceinture par une cordon jaune or. Simple rectangle cousu, il se ferme en resserrant les cordons supérieurs. On trouvait aussi fréquemment des sacs plus larges en bas, fermés par un rabat et montés sur une pièce de métal.

 

Le collier est une reproduction tirée de la peinture de Hans Memling, "La présentation au temple" et est fait de perles en cristal de Bohème, reliées entre elles par des tiges de métal doré.

Photos: Jean Libert

 

image: tiré de Hans Memling, "La présentation au temple"